Caroline Longchamp, ambassadrice Je Cours Qc, vous raconte son expérience au championnat du monde du duathlon à Ibiza en Espagne, un peu croustillante.
Les 29 et 30 avril dernier, j’ai participé au championnat du monde du duathlon à Ibiza en Espagne. Ma préparation physique, mentale et émotionnelle était top notch. Tout ça grâce au support de ma famille, de mon entraîneur et de mes commanditaires.
Première journée de course, duathlon sprint (5 km de course, 20 km de vélo et 2,5 km de course). Je prends le départ en avant aux côtés des meilleures au monde. Après à peine quelques mètres, une Française prend les devants de façon convaincante. Je m’accroche parmi les 5 meneuses. Le pace est très rapide et difficile à conserver avec plusieurs « turn around » au parcours. Je termine en 5ème position pour cette portion de course. Puis, au vélo, je roule seule avec assurance. À mi-parcours, je roule avec celle que je crois être la 3e en file. Je termine le vélo, entre en transition, où je perds un temps fou à mettre mes chaussures de courses ayant des étourdissements. Bref, je repars sachant que j’ai perdu de précieuses secondes. J’arrive à rattraper la 2e en file sans jamais pouvoir la dépasser. Je traverse la ligne d’arrivée, pleine d’émotions et de fierté pour mon accomplissement et même dépassement de moi-même, « tout un sprint, bravo Caro » ! Résultat, je termine la 3ème au monde dans ma catégorie d’âge et la 7ème « over all » chez les femmes. Impressionnant sans bon sens.
Deuxième journée et c’est là que ça devient croustillant, duathlon olympique (10 km de course, 40 km de vélo et 5 km de course). Je suis la seule participante du duathlon olympique à avoir participé, la veille, au duathlon sprint, étant du genre « tant qu’à y être ». Le départ est lancé, j’use de la même stratégie c’est-à-dire le gaz au fond et je m’accroche. Aux premières enjambées, je réalise rapidement que mes jambes ne sont pas si fraîches, mais bon, je ne rouspète pas, je suis la 1ère au monde de ma catégorie, du début à la fin de la course de 10 km. Puis, j’embarque à vélo, qui je croyais serait ma force de la journée. À mi-parcours, je me fais dépasser par une Britannique. À l’approche de la fin du vélo, je me dis que je dois faire une meilleure transition que la veille. En conservant une bonne vitesse, j’enlève mes pieds de mes souliers en roulant et je dépose mes pieds sur mes chaussures de vélo, comme je l’avais déjà fait auparavant. Catastrophe « ka boom ». Mon soulier plante au sol et je suis éjectée violemment de mon vélo. Toute une pirouette; tête première puis, épaule gauche et main droite. C’est l’horreur.
Je passe quelques secondes dans le noir puis, je me relève doucement. À cet instant, je pense continuer à pied et j’entends « your bike ». Bien oui, lui, je ne peux pas le laisser sur le parcours. Je suis mêlée comme un jeu de cartes. Je ramasse mon vélo et la visière cassée de mon casque au sol. En reprenant mes esprits, je demande la force de terminer la course car à ce moment, il me reste encore un 5 km de course à pied. L’idée de m’arrêter ici ne m’a jamais traversée l’esprit. Au moment de resserrer les dents, j’entends un spectateur crier « you are a warrior » et moi de me répondre « oh fudge yes, I’m a warrior ». J’ai senti à cet instant une montée d’énergie, une transformation intérieure à la Hulk et une pensée pour mon père décédé, il y a quelques années. Je peux vous dire qu’à partir de là, il n’y avait plus « Erien » qui pouvait m’empêcher de terminer cette course. Moi Caroline Longchamp, fille de Jean-Guy Longchamp, je vais terminer ce que j’ai commencé. Puis, je suis repartie à la course avec une énergie soutenue.
Le plus fou de mon histoire c’est que j’ai tout de même conservé ma 2e place malgré cette horrible chute à vélo. Sur la photo du podium, je tiens le drapeau du Canada devant moi au lieu de l’avoir sur les épaules comme les autres. Bien, ce n’est pas pour faire différent, c’est seulement que mon bras gauche ne lève plus et que mon pouce droit est totalement inutile. Ce n’est que quelques jours plus tard que les dégâts physiques ont été constatés; fracture de la clavicule gauche et du pouce droit, mais rien à la tête. Mon père m’a toujours dit que j’avais une tête dure. Quand j’y repense, c’était peut-être mon père qui était derrière la voix du spectateur pour ce solide « pep talk » qui sait … Lui qui n’avait peur de rien et qui souhaitait seulement que je sois courageuse. Je crois qu’il est fier de celle-là. En tout cas, ça me fait du bien de croire qu’il était là avec moi. Merci Papa !
Pour terminer, je crois, très humblement, que ce n’est pas un simple récit de course, mais plutôt une leçon de vie. Nous détenons tous une force intérieure, divine, sacrée, appelez-la comme vous voulez pour surmonter les embûches de la vie. On doit croire en soi, mais parfois, sentir un soutien est rassurant, motivant et même parfois déterminant. Ne négligeons pas la force des paroles d’encouragement sur le parcours de la vie. Merci à mon conjoint et un merci spécial à ce spectateur qui, je fais la promesse de redonner plus qu’une fois à mon tour.
Et toi, course à pied, tu me manques tellement étant en convalescence depuis mes 2 chirurgies. Résiliente, mais aussi fatigante étant privée de course à pied. Je demeure entêtée. Je m’accroche à l’idée de courir le Marathon Beneva de Québec présenté par Montellier, le 1er octobre prochain, car la course à pied c’est la vie.
D’une simple passionnée de course à pied et très fière Ambassadrice Je Cours Qc.
Caroline Longchamp