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 Apprendre à vivre avec le suicide d’un proche

Julian Davis, ambassadeur de Je Cours Qc pour l’une de nos causes associées, le Centre de Prévention du Suicide de Québec, partage son expérience entourant le deuil de sa mère, rappelant que ce processus est différent pour chacun et qu’il est possible d’y arriver un jour à la fois.

 

Personne ne s’attend à perdre un proche par le suicide. Lorsque j’ai perdu ma mère, à l’âge de 14 ans, ça a été comme recevoir un coup de pelle en plein visage. Il m’en a fallu des heures, voire des jours, pour comprendre ce qui c’était passé. Il m’a fallu autant de temps pour ressentir la douleur de ce coup. N’ayant pas vu la détresse que ma mère vivait au quotidien, et en la perdant du jour au lendemain, je n’ai jamais pu lui dire aurevoir. Je n’ai pas eu l’occasion de lui dire à quel point elle était importante pour moi, à quel point je l’admirais et à quel point je l’aime. Je le fais donc maintenant, en partageant cette lettre, celle que je lui écrirais aujourd’hui. Je le fais dans le but de sensibiliser la communauté aux enjeux de la détresse psychologique et d’encourager les gens à prendre soin de leur santé psychologique autant que physique, et surtout à ne pas hésiter à demander de l’aide. Je me sens privilégié de pouvoir partager ici mon expérience. Si je peux aider les gens à comprendre ce que c’est d’être endeuillé par le suicide, si je peux aider des personnes qui vivent des difficultés, alors ce que j’ai vécu et ce que je vis prend un certain sens. Je veux simplement rappeler que chacun vit son deuil de manière différente.

 

Ô chère maman,

Quand j’avais 14 ans, nous avions des intérêts différents, mais avec le temps, tu m’as transmis ta passion pour le plein air, ta conscience environnementale et ta volonté d’aider les autres. Je pense être devenu une personne avec des qualités et des valeurs dont tu serais fière, mais aussi une personne avec laquelle tu aurais des intérêts communs. Quand je cours en sentiers, quand je fais du camping ou de l’escalade, je pense à quel point je serais heureux de partager ces aventures en ta compagnie. Quand je cuisine un repas végé, je pense aux discussions que nous pourrions avoir autour du repas et aux rires que nous pourrions partager. J’aimerais t’appeler certains soirs pour te dire combien je suis fier de la personne que je construits petit à petit et que tu fais grandement partie des personnes qui m’aident à devenir qui je suis. J’aimerais te dire à quel point tu me manques. À quel point, à certains moments, j’ai l’impression que tu serais la seule personne qui pourrait comprendre comment je me sens. Ce n’est pas facile de vivre sans toi au quotidien et c’est encore plus difficile de continuer à garder la tête haute et à regarder loin devant, avec tous les défis que je rencontre. Malgré tout, je ressens ta présence dans les moments plus difficiles. Que ce soit dans les sentiers en courant, dans une classe sur un banc d’école ou quand j’écoute de la musique et que je chante à tue-tête. Je ressens ta présence qui me fait savoir que tu seras toujours à mes côtés, beau temps mauvais temps.

Te amo mamá,

July

Note : Je suis ambassadeur de Je Cours Qc pour le Centre de Prévention du Suicide de Québec qui offre des formations et des services spécialisés visant la prévention, l’intervention et la postvention auprès des personnes suicidaires, de leurs proches et des personnes endeuillées.

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